DÉFINITION :
Ovariectomie : ablation chirurgicale des ovaires
Hystéro-ovariectomie : ablation des ovaires, des cornes utérines et d'une portion du corps utérin
Stérilisation animale : retrait des organes reproductifs d'un animal, soit dans leur totalité, soit d'une partie importante
Castration : ablation chirurgicale des testicules
POURQUOI STÉRILISER UN RAT ?
RÉSULTATS DES RECHERCHES SCIENTIFIQUE SUR LA STÉRILISATION ET LES CANCERS
L'ovariectomie et les tumeurs mammaires chez les femelles :Il est bien connu que l'ablation des ovaires avant la maturité sexuelle peut réduire l'incidence des tumeurs mammaires chez les mammifères. Cependant, ce qu'on sait moins c'est que la stérilisation après la maturité sexuelle peut aussi prévenir le développement de tumeur. À l'issue d'une étude scientifique où des rats femelles ont été stérilisées entre l'âge de 5 et 7 mois, une seule tumeur mammaire a été observée chez les 19 animaux ovariectomisés alors que 47 tumeurs totales se sont développées chez les 42 animaux non ovariectomisés. La probabilité de développer une tumeur a donc été réduite de 73.8 à 5.3% après la stérilisation.
L'ovariectomie et les tumeurs hypophysaire chez les femelles :Un autre type commun de tumeur chez les rats femelles est la tumeur de l'hypophyse (aussi appelée glande pituitaire), qui se trouve sous le cerveau. Il est rapporté que cela pourrait être la troisième cause de décès la plus courante chez les rates. Les tumeurs hypophysaires sont œstrogéno-dépendantes. Par conséquent, la stérilisation réduit l'incidence de ces tumeurs en supprimant une grande source d'œstrogènes. Il a été noté dans diverses études que les femelles stérilisées (plus spécifiquement par ovariectomie) ont tendance à avoir un taux réduit de tumeurs de la glande pituitaire. Lors d'une étude, le nombre de femelles non stérilisées ayant développé des tumeurs hypophysaire a été comparé au nombre de femelles ovariectomisées ayant développé ces tumeurs. Les résultats de l'étude sont assez clairs: 66% des rats femelles non stérilisés de l'étude ont développé des tumeurs de l'hypophyse tandis que seulement 4% des rats femelles stérilisés ont développé de telles tumeurs. Ceci représente une réduction de 62% des risques de développer ce cancer.
La castration et le cancer de la glande thyroïde chez les mâles :Une étude a également étudié le développement de tumeurs thyroïdiennes chez le rat. Celle-ci a démontré que ce cancer était beaucoup plus fréquent chez les mâles que chez les femelles. En effet, la fréquence du cancer chez les mâles non castrés était de 58%, contre 28% chez les femelles. Après castration des mâles, on a observé une réduction de l'incidence des tumeurs cancéreuses à 22%, ce qui représente une réduction de 36%. On peut donc en conclure que les hormones sexuelles ont un effet marqué sur le développement de ce cancer et que la castration réduit fortement les risques de son développement.
La castration et les cancers du pancréas chez le mâle :Il est aussi connu que l'incidence des cancers du pancréas chez le rat est plus élevée chez les mâles que chez les femelles. Il a été démontré que les lésions précancéreuses se développent plus rapidement chez les rats mâles intacts que chez les rats castrés, et la croissance des lésions et des tumeurs est inhibée par le traitement aux œstrogènes. Il semblerait donc que la testostérone favorise la croissance des cancers, alors que les œstrogènes inhibent cette croissance. C'est la raison pour laquelle on retrouve ce cancer principalement chez les mâles. La castration peut donc être un bon moyen de prévenir le cancer du pancréas.
RÉSULTATS DES RECHERCHES SCIENTIFIQUES SUR LA STÉRILISATION ET LE COMPORTEMENT
La castration et la diminution de l'agressivité hormonale chez le mâle :Certains problèmes d'agression qui sont présents chez les mâles peuvent être résolus par castration, plus spécifiquement en abaissant leur niveau de testostérone. Une étude a confirmé cette théorie lorsque des rats mâles qui avaient un taux d'agressivité anormalement élevé ont été castrés. Les résultats de l'étude ont montré une réduction significative de l'agressivité chez ces rats après la castration. Ceux qui avaient un statut de dominant avant la castration et qui persécutaient leurs pairs se sont retrouvés à un rang inférieur après la chirurgie. Cependant, les chercheurs ont constaté que s'ils leur administraient des suppléments de testostérone après la castration, ils conservaient leur niveau d'agressivité et leur rang social. En effet, il est très probable que l'agression sociale soit directement liée à des niveaux de testostérone plus élevés chez certains individus. On peut donc en conclure que la castration peut être une solution efficace pour résoudre un problème d'agressivité hormonale puisqu'elle agit directement sur le niveau de testostérone de l'animal.
La castration et le marquage urinaire :Le marquage urinaire est le dépôt de petites gouttes d'urine sur le sol, sur les objets, sur d'autres rats ou même sur vous. Il s'agit d'une forme de communication chimique à l'intention des autres rats. L'urine contient en effet beaucoup d'informations sur le rat qui l'a produit, comme l'âge, le sexe, l'état de reproduction, la disponibilité sexuelle, etc. Le marquage urinaire peut être embêtant si vos rats laissent de minuscules gouttes d'urine partout, car cela signifie que l'urine peut se retrouver n'importe où et sur n'importe quoi! Cela rend le nettoyage quotidien beaucoup plus difficile à gérer. Cependant, si cela vous dérange, sachez que certaines études ont démontré une diminution de la fréquence du marquage urinaire après la castration. Les chiffres ont montré que dans le mois suivant la chirurgie (7 à 27 jours après la castration), il y avait une diminution de la fréquence du marquage urinaire d'environ 80,5%. La réduction du marquage a même atteint 96,8% au cours du deuxième mois (27 à 47 jours après la castration).
COMMENT LES RATS SONT-ILS STÉRILISÉS?
Pour les mâles, la castration est une procédure très simple: sous anesthésie générale, le scrotum est ouvert, les testicules sont retirés et la plaie est collée. Certains vétérinaires préféreront pratiquer une incision à la base de l'abdomen, juste au-dessus du scrotum.
Pour les femelles, il s'agit d'une procédure plus complexe. La technique la plus courante lors d'une ovario-hystérectomie consiste à pratiquer une incision dans l'abdomen et à retirer les ovaires ainsi que l'utérus. Si une ovariectomie est plutôt priorisée, seuls les ovaires et non l'utérus seront retirés par une petite incision de chaque côté du rat, juste derrière la dernière côte. Encore une fois, cela se produit sous anesthésie générale et la plaie est refermée à la fin.
De nombreux vétérinaires préféreront effectuer l'ablation des ovaires uniquement chez les rats femelles, contrairement aux chiens et aux chats où l'utérus sera généralement également retiré. La raison est que les avantages pour les rates sont déjà suffisamment élevés avec l'ovariectomie seulement, il n'est donc pas nécessaire de retirer également l'utérus (ce qui est une procédure plus invasive) pour obtenir d'énormes avantages, en particulier dans le cas de la réduction du risque de cancer. Cependant, l'hystéro-ovariectomie est le meilleur moyen de prévenir les infections de l'utérus (pyometre) et les tumeurs utérines.
QUELS SONT LES RISQUES?
Comme pour toute intervention anesthésique ou chirurgicale, chez toutes les espèces, il y a toujours un certain risque associé à l'anesthésie. Dans le passé, il est vrai que certains animaux sont morts lors de procédures anesthésiques. En effet, les chiffres nous indiquent que le taux de risque de décès liés à l'anesthésie est de 0.05 à 1.50% chez le chien, 0.06 à 1.08% chez le chat, 0.73 à 4.80% chez le lapin, 1.00 à 2.01% chez le rat, 0.12 à 1.60% chez le cheval, 3.29% chez le chinchilla et 3.80% chez le cochon d'Inde. Cependant, comme on peut le voir, bien que le risque soit présent, il n'est pas beaucoup plus élevé chez le rat que chez les autres espèces animales. Il convient également de rappeler que les statistiques des décès péri-anesthésiques incluent les animaux âgés et malades, ainsi que ceux qui ont dû subir des procédures d'urgence. Les principaux facteurs de risque de mortalité sont l'état physique et l'âge. Si nous ne regardons que les rats en bonne santé, le taux de complications diminue considérablement. Il est également bien de souligner que cela s'améliore constamment à mesure que des médicaments plus sûrs et de nouvelles procédures sont introduits. Avec les médicaments modernes et les vétérinaires de plus en plus qualifiés, les risques de stérilisation ne sont plus beaucoup plus élevés chez le rat que chez le chat ou le chien.
Plusieurs procédures peuvent également aider à prévenir d'éventuels problèmes qui pourrait survenir durant ou après l'anesthésie. Les principales complications qu'on cherche à éviter sont l'hypothermie, l'hypotension, l'hypoxémie et l'hypoventilation.
Premièrement, toutes les espèces animales sont à risque d'hypothermie sous anesthésie. Les rats sont particulièrement sensibles en raison du rapport élevé entre leur surface et leur masse corporelle. L'hypothermie induit un stress physiologique important sur les animaux qui peut prolonger la récupération et être potentiellement mortel. Pour prévenir cette complication, les vétérinaires vont privilégier l'utilisation d'un tapis chauffant durant et après l'intervention. Il est possible de discuter avec votre vétérinaire des différentes options qui peuvent s'offrir à vous pour maintenir votre animal à une bonne température lors de son anesthésie.
Deuxièmement, une anesthésie générale peut également entraîner une pression artérielle plus basse qu'elle ne le serait habituellement. L'administration de fluides supplémentaires (souvent administrés en sous-cutané) peut aider à prévenir l'hypotension chez les rats en veillant à ce que tous les organes continuent à recevoir un flux sanguin approprié pendant la chirurgie.
Troisièmement, une hypoxémie peut aussi survenir durant l'anesthésie si les quantités d'oxygène dans le sang descendent sous un taux inférieur à la normale. Cela peut être causé par une hypoventilation (diminution de l'air fourni aux poumons). Pour anticiper ces éventuelles complications, les plus gros animaux tels que les chats ou les chiens seront normalement intubés pendant l'anesthésie. Ainsi, il est possible de les ventiler au besoin. De toute évidence, on ne peut pas intuber de petits animaux tels que les rats en raison de leur taille. Le vétérinaire surveillera donc de près la fréquence respiratoire et la condition physique de l'animal pendant l'opération. C'est généralement la raison pour laquelle l'anesthésie aux gaz (ex: isofluranes) chez les rongeurs doit être préférée à l'anesthésie par injection de drogues. Ainsi, si la fréquence respiratoire diminue, il est possible de réagir rapidement et de réduire la quantité de gaz anesthésique délivrée et d'augmenter la quantité d'oxygène pour résoudre efficacement la situation. Renseignez-vous sur le type d'anesthésie que propose votre vétérinaire et priorisez un vétérinaire qui pratique l'anesthésie aux gaz.
Finalement, pendant l'anesthésie, les yeux de votre animal restent ouverts. Pour éviter la sécheresse de la cornée et les ulcères après une chirurgie, les vétérinaires utiliseront normalement des lubrifiants tels que "Tear Gel" pour toute la durée pendant laquelle l'animal est inconscient. Cependant, il y a toujours un risque que votre rat se gratte les yeux ou se blesse au réveil. Les complications oculaires après anesthésie ne sont pas courantes, mais elles peuvent survenir. Heureusement, elles peuvent normalement être bien guéries avec des onguents médicamenteux appropriés qui seront prescrits par votre vétérinaire au besoin.
ATTENTON !!!
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Ovariectomie (photos) :
Hystéro-Ovariectomie (vidéo) :
Castration (vidéo) :
J. DeLay (July 1, 2016), Perianesthetic Mortality in Domestic Animals: A Retrospective Study of Postmortem Lesions and Review of Autopsy Procedures.
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